vendredi, août 11, 2006

Emouvants souvenirs d'écolier

Je suis tombé sur un article JF Revel de 1992 qui n'a rien perdu de son actualité. Il y explique que les idéologues de la Corporation, c'est-à-dire la sainte alliance des nocifs d'IUFM, des syndicalocrates et des scribouillards d'académie, dirigent l'éducation nationale (les ministres passent, la Corporation reste).

Comme tous les idéologues, aucune réalité ne peut les démentir : si il y a échec éducatif, ce n'est point parce qu'on a appliqué leur système mais, au contraire, parce qu'on ne l'a pas appliqué avec assez de force, de volonté, qu'il y a encore trop de résidus de l'ancien monde (trop de privé, trop de Henri IV, trop de profs pas totalement soumis, etc.). On reconnaît là la fameuse logique des éradicateurs de Robespierre à Pol Pot. C'est pourquoi JF Revel prédisait que, à l'instar de l'URSS, l'éducation nationale est impossible à réformer, il faut attendre qu'elle s'effondre pour rebatir.

Avec un recul de 14 ans, on voit la pertinence du diagnostic : les indicateurs sont au rouge, l'analphabétisme et les violences grimpent en flèche, la culture s'effondre, la méthode Boscher est un "best-seller" chez les parents d'élèves, les orthophonistes sont débordés, les Acadomia et consorts font fortune mais la Corporation persiste à nous expliquer que tout cela est fantasme de "réactionnaires" et que le niveau monte.

Tout comme l'URSS à bout de souffle, cela peut durer encore longtemps, mais le pédagogisme s'effondrera d'un coup et disparaîtra en quelques mois. D'où viendra le coup fatal : d'un sujet du bac tellement ridicule qu'il fera controverse dans l'actualité vide de l'été ? D'un classement international honteux ? D'un écrivain pris d'un coup de colère ? De la réaction de l'opinion contre une protestation syndicale vis-à-vis d'une réforme de bon sens ?

Je ne sais pas, mais cela arrivera.

En attendant, je vous copie deux liens vers le blog de JP Brighelli qui vous feront rire.

Souvenir, que me veux-tu ?

Narcissisme

JP Brighelli pense que la cause fondamentale de la faillite de l'école française est le libéralisme, ce qui, dit sans méchanceté, est idiot : en effet, dans un système libéral, les parents choisissent l'école, et donc la pédagogie suivie. Il s'en suivrait qu'il y en aurait pour tous les goûts, y compris pour les refuzniks du pédagogisme constructiviste, ce qui n'est pas le cas dans notre système collectiviste forcé, où les échappatoires sont fort peu nombreux et très couteux (bonjour "l'égalité des chances") : dans l'ordre d'efficacité et, hélas, également de prix ; le privé hors contrat, le public ou le privé des "quartiers protégés", les cours à domicile pour combler tant bien que mal les lacunes abyssales crés par l'enseignement officiel (1).

Cela m'a longtemps intrigué car je prends Brighelli pour quelqu'un d'intelligent, j'ai fini par comprendre qu'il connaît mieux l'école que le libéralisme.

Pourtant, Brighelli n'a pas totalement tort, l'école est victime du libéralisme, mais tel que le voit les collectivistes, ce qui bien entendu n'a qu'un rapport très lointain avec le libéralisme : l'individualisme, l'hédonisme, l'égoïsme, l'indiscipline, l'anarchie. Les cuistres de l'EN ont réussi à inventer le libéralisme sans la liberté et, évidemment, sans la responsabilité (2), c'est fort !

(1) car, comble de vandalisme, non seulement l'enseignement officiel n'apprend pas grand'chose, mais en empêchant le développement d'une pensée structurée, il stérilise le terrain pour un autre enseignement. Par exemple, il est assez facile de comprendre la corrélation entre des lacunes en grammaire et des difficultés en maths.

A cet effet désastreux, s'ajoute un handicap temporel. Il y a un temps pour chaque chose, et si on n'a pas appris au bon âge, il est peu probable qu'on apprenne plus tard mais plutôt qu'on n'apprenne jamais. On apprend à lire à sept ans et les quatre opérations à huit. Si, comme c'est le cas actuellement, tout cela est décalé de plusieurs années voire jamais maîtrise, c'est l'ensemble du parcours scolaire qui est plombé : si l'on n'a pas appris par coeur les fables de La Fontaine à dix ans, quinze ans n'est plus l'âge approprié, donc il est probable qu'on ne connaitra jamais, en tout cas par le biais de l'école qui nous coûte tant, les fables de La Fontaine.

(2) c'est pourquoi on trouve à la sortie de nos universités des jeunes moutons qui bêlent pour que la Big Mother étatique leur fournisse un emploi correspondant à des études choisies en complète irresponsabilité.

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