mercredi, octobre 18, 2006

Le progrès et ses ennemis (G. Sorman)

Guy Sorman démontre en long, en large et en travers que l'écologisme moderne est irrationnel.

Il y a des problèmes écologiques, mais la résolution rationnelle et réfléchie de ceux-ci ne fait absolument pas partie des soucis des écologistes.

Deux exemples :

> On ne peut pas être inquiet de l'hypothétique réchauffement climatique et en même temps refuser absolument OGMs et nucléaire ; en effet, ceux-ci sont une solution (partielle certes) à celui-là. Il y a dans ce refus radical une contradiction logique évidente.

> Autre exemple : le trop célèbre principe des précaution, qui stipule qu'on doit se protéger d'un risque qu'on ne peut pas évaluer. Ceci crée une situation absurde : comment en effet prendre une décision sans mesure des risques, des coûts et des bénéfices ; sachant que ne rien faire présente aussi des risques ?

Exemple maintenant fameux : le DDT présente des risques, mais quand on l'a supprimé sous la pression conjuguée d'OGMs irresponsables (au sens propre du terme : elles ne rendent de comptes qu'à elles-mêmes) et de l'industrie qui avait des produits plus chers à vendre, on s'est aperçu que le taux de malaria augmentait de manière dramatique.

Quel écologiste a-t-il été condamné pour les milliers de morts ainsi provoquées ?

Le raisonnement rationnel consiste à considérer le progrès comme un moindre mal : il a des inconvénients et des riques mesurés, qu'on compare aux avantages mesurés et on choisit.

Pourquoi les écologistes refusent-ils cette logique ?

> Il y a un retour au culte païen de Mère Nature, qui serait bonne par essence et souillée par l'industrie humaine.

C'est surtout un culte de citadins et de néo-ruraux ; n'importe qui ayant une culure rurale sait que la nature peut être terrible et que c'est l'objet de l'industrie humaine que de la maîtriser. On nous tympanise les oreilles de la "malbouffe" en oubliant que nos ancêtres qui mangeaient tout ce qu'il y a de "bio" n'étaient pas si bien nourris que nous.

> L'enjeu est le pouvoir : la question de l'écologie est un moyen pour les Etats discrédités dans le domaine économique de faire un retour fracassant. Le gouvernement suédois interdit non seulement les constructions de centrales nucléaires mais aussi l'étude d'amélioration de centrales existantes (ce qui, au passage, oblige à importer de l'électricité nucléaire de Russie. Absurde !) Quel gouvernement n'a pas rêvé d'interdire non seulement les actes, mais aussi les études et les pensées sur un certain sujet ? Que sont les José Bové, Al Gore, Jacques Chirac, sinon des étatistes avides de pouvoir (1) ?

Enfin, Sorman visite quelques penseurs écologistes qui estiment le plus sérieusement du monde que l'humanité doit retourner à l'âge de pierre, quitte à user de violence pour cela.

Je pense que A. Finkielkraut, qui a souvent dit que l'anti-racisme serait le communisme du XXIème siècle, s'est trompé : c'est l'écologisme qui reprend cette fonction d'utopie, chargée à la fois de condamner le monde existant et de faire miroiter un monde meilleur, à imposer par la force si besoin, et pour le bonheur du plus grand nombre bien entendu.


(1) : Sorman cite un texte de Himmler de 1940 sur la "malbouffe" assez marrant qui aurait pu être signé de Bové ; non pas pour dire que Bové est un nazi, mais pour souligner la permanence du raisonnement totalitaire.

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