mardi, février 06, 2007

Vive l'impot ?

Comme la France ne manque ni de fous ni de démagogues (en direction du peuple fonctionnaire), une pétition Vive l'impot circule.

Une phrase suffit à la disqualifier : les "dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme".

Or, ces dernières décennies, les impôts ainsi que les déficits ont augmenté mais la part d'investissement public a diminué au détriment des frais de personnel (pléthorique). Quant à la justice, il y aurait tant à en dire ... Est-ce que l'impôt qui comble les déficits des régimes de retraites privilégiés est juste ? Quant au dynamisme par l'impôt, je n'ose même pas en parler.

Bref, cette pétition est factuellement fausse : l'impot tel qu'il est perçu et dépensé en France n'est un gage ni d'investissement, ni de justice, ni de dynamisme.

Parmi les signataires figurent Jacques Maire, membre du conseil de direction du groupe d'assurance Axa, Jacques Maillot, fondateur du voyagiste Nouvelles Frontières, ou encore des économistes renommés tels que Pierre Rosanvallon ou Dominique Méda.

Dernière minute : comme, décidément, certains ne reculent devant aucune folie, je viens de recevoir la pétition en question dans ma boite aux lettres :

"Pourquoi nous consentons à l'impot"


La "réhabilitation de l'impôt", c'est-à-dire, pour dire les choses clairement, l'augmentation des impôts est exactement le contraire de ce qu'ont fait TOUS les pays qui ont relancé leur économie et combattu efficacement le chômage.

Cette observation élémentaire que je fais avec mon air con et ma vue basse ne semble pas avoir frappé les puissances intellectuelles qui ont signé cette pétition.

Cela vient peut-être du fait que, en majorité, les pétitionnaires vivent directement ou indirectement au crochet des impôts et, pour une minorité, sont des soixante-huitards qui ne se pardonnent pas d'être devenus riches. Mais vous allez mettre cette remarque sur le compte de mon mauvais esprit ...

Et après la dernière minute : voici la réponse qui m'a été faite (avant que je n'ajoute la dernière minute, dont le ton est plus incisif). Notre divergence fondamentale vient de ce que je considère que la baisse des impôts est le préalable à la réforme de l'Etat (les conservateurs américains appellent cela "starving the beast", affamer le fauve).

Je comprends tout à fait que vous ne la signiez pas. Je me permettrai
néanmoins un commentaire sur votre commentaire. Il me semble que vous
tordez la signification de cet appel dans un sens qui le dénature. Il y est
aussi écrit que "l'Etat doit savoir se réformer", ce qui signifie que la
dépense publique doit être plus efficace et ne pas servir à nourrir un
"peuple fonctionnaire" considéré comme une fin en soi, mais à rendre un
service utile au public. J'ajoute que le titre de l'appel n'est pas "vive
l'impôt" (qui est le titre de Libération), mais "Pourquoi nous consentons à
l'impôt". Ce qui est une différence de taille : il n'appelle nullement à
des augmentations d'impôt, mais à une vigilance accrue sur une forme
d'antifiscalisme inconséquente. Oui, la dépense publique devrait davantage
fonctionner comme un investissement dans l'avenir (peut-être eût-il fallu
le dire comme cela, je vous rends volontiers ce point). Et, si l'on veut
regarder les choses autrement, on pourrait également considérer qu'uhe part
des recettes fiscales pourrait servir à désendetter les générations
futures. En l'état actuel des comptes, il ne me semble pas qu'il suffira de
ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux (d'ailleurs cet objectif risque
de s'avérer intenable en pratique) si l'on se prive d'autant de recettes
fiscale
s.
Bref, je pense que, l'outrance en moins (démagogie, etc.), nous ne
divergeons pas autant que vous le laissez penser. Mais nous divergeons
certainement néanmoins.

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