jeudi, août 23, 2007

Le désastre éducatif : la physique aussi


J'insiste beaucoup sur le désastre éducatif français en matière de lecture, d'orthographe, de grammaire, plus généralement d'expression écrite et orale.

Mais je m'attarde peu sur des domaines qui pourtant me tiennent à coeur : les maths, la physique, les sciences et le raisonnement scientifique.

Je peste quelquefois contre des fautes de raisonnement qui me paraissent élémentaires, par exemple à propos du réchauffement climatique, mais, vu ce qu'on apprend à l'école de nos jours, les jeunes ont au moins des excuses.

Je me souviens d'une discussion d'aéroclub sur le centrage des avions, un bachelier récent (section S qui plus est) raisonnait faux. Ca peut arriver à tout le monde. Mais ce qui m'a frappé au point que je m'en souvienne aujourd'hui est qu'il n'a pas compris le raisonnement correct, pourtant élémentaire, quand on le lui a expliqué.

Je n'aurais pas du être surpris. D'ailleurs, je ne l'ai pas vraiment été.

Il y a trois ans, l'énoncé des sujets de bac et leurs corrigés étant dans le journal, je m'étais amusé à repasser chez moi les épreuves de maths et de physique. J'aurais eu le bac sans problème dans la moitié du temps imparti.

Or, je ne suis pas particulièrement génial, j'estime que mon aptitude actuelle à résoudre, de but en blanc, sans révision préalable, des problèmes scolaires est celle grosso modo d'un élève de seconde de mon temps, avec de grosses lacunes, par exemple en électricité.

J'ai sûrement des capacités d'ingénieur supérieures à celle que j'avais en seconde (il faut espérer !) parce que j'ai plus d'expérience, de méthode, une notion plus précise des ordres de grandeur, etc ... mais s'agissant des problèmes scolaires au débotté, sans documentation, je ne vaux pas mieux qu'à 15 ans, sûrement moins.

Alors pourquoi aurais-je eu le bac actuel sans souci ? C'est très simple : parce que les sujets n'ont aucune complexité.

Le tiers des points est disponible dans l'énoncé. Par exemple, la réponse à la question 1 est dans la question 2.

Un autre tiers des points est disponible dans l'application bête et méchante de techniques qu'il suffit d'avoir apprises, par exemple dériver une fonction, en dessiner le graphe. Comme j'avais un peu oublié, j'ai du raisonner pour retrouver ce que des élèves de terminale doivent connaître par coeur, mais, ce faisant, j'avais déjà atteint la moyenne.

Enfin, le reste des points nécessite un peu plus de raisonnement, et encore, raisonnement est un mot trop fort, solide bon sens suffit.

Il n'est donc pas surprenant que des bacheliers ne sachent pas élaborer un raisonnement pour résoudre un problème puisqu'ils n'ont jamais appris et jamais eu besoin (du moins, ceux qui sont allés dans les écoles où on applique strictement les programmes).

Les problèmes de baignoires qui fuient et de trains qui se croisent apprenaient à bâtir un raisonnement, puis en allant du simple vers le complexe, on raffinait : de plus en plus d'inconnues, de plus en plus de phénomènes à prendre en compte.

Maintenant, rien qui vaille. Un vague collage de notions juxtaposées, sans le raisonnement qui les articule.

Quand on a compris cela, on n'a plus de raisons de s'étonner de la diminution des vocations scientifiques : si l'on ne sait pas raisonner scientifiquement à 18 ans, il est trop tard pour apprendre.

Qu'on me comprenne bien, il ne s'agit pas là de nostalgie (j'en vois déjà qui vont me traiter de réactionnaire), il s'agit d'honnêteté intellectuelle, il s'agit de reconnaître qu'il y a un monde entre savoir démontrer une formule et sortir cette formule de la calculatrice pour l'appliquer à un cas numérique.

C'est de tout cela dont rend compte ce texte :

Evolution de l'épreuve de sciences physiques au baccalauréat scientifique

Vous remarquerez que ce texte est anonyme par crainte des représailles. Ca en dit long sur la fameuse liberté pédagogique.

Pourtant, les syndicats nous ont expliqué il y a quelques mois que M. Gilles de Robien était un réactionnaire profond d'imposer des méthodes de lecture, puisque la splendide liberté pédagogique permettait aux instits de choisir leur méthode, sous-entendu, les méthodes globales déguisées n'étaient plus imposées depuis belle lurette.

Liberté pédagogique, tu parles ! Liberté à la Staline : liberté d'être toujours d'accord avec les syndicats soutenant les apparatchiks constructivistes.

Pour l'anecdote : on voit, entre autres, sur la photo du congrès Solvay, Marie Curie. Celle-ci donnait à résoudre à sa fille quand elle était au collège des problèmes de masse-ressort dans un fluide en chute libre ! Comme je suis assez peu convaincu que l'intelligence est héréditaire (depuis le temps qu'on fait des enfants, ça se saurait !), il faut admettre que les capacités des enfants convenablement instruits sont beaucoup plus vastes que le peu qu'en tire notre école de 2007.

2 commentaires:

  1. Il n'y a pas si longtemps que ça, le proviseur d'une école communale du XI ème arr. à Paris, avait pris le problème à bras le corps en décidant de ne pas "laisser au bord du chemin" les élèves faibles, ayant notamment un retard avec notre langue, ce qui n'est guère surprenant pour des immigrés de fraiche date par exemple, et il organisa donc des classes de rattrapage dont le but était de remettre à niveau les plus faibles.
    Horreur, malheur...Mal lui en pris car les "associations" constatèrent avec effarement que ces classes étaient plus "foncées" que les autres (et alors !?)...
    Je me rappelle le titre du journal de 13 h sur Europe 1 ce jour là :
    " Après la pub, apartheid dans une école communale à Paris " !!!
    Il eût été tellement plus constructif de la part de ces associations (et des journalistes d'Europe 1 par exemple)d'expliquer aux parents de ces enfants le pourquoi du comment; mais non, peu importe le fond et l'enfant, ce qui compte c'est la forme, c'est à dire que tout est réduit à une couleur de peau...Lamentable !
    La suite on la connait, un enfant
    qui ne suit pas, s'ennuie, puis sèche rapidement l'école, viennent ensuite les mauvaises fréquentations et la petite délinquance, suivie de la grande et j'arrête là, on a délà vu le film en boucle 10000 fois!
    Je ne m'attarde pas sur le sort de ce pauvre proviseur qui s'est vu traiter pire qu'un pédophile à l'époque et qui doit probablement être dans un placard aujourd'hui...Désespérant!

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  2. J'en veux particulièrement à nos
    « belles âmes », elles ont une promptitude à se mêler des affaires des autres qui n'a d'égal que leur farouche volonté qu'on ne s'immisce pas dans les leurs.

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