mardi, septembre 11, 2007

Le retour du blog de JP Chevallier

C'est avec un grand plaisir que je salue le retour du blog de Jean-Pierre Chevallier. Ses commentaires y sont souvent saignants et radicaux, mais ils tiennent debout. C'est pour cela qu'il dérange (inutile de préciser que le sarkozysme n'est pas son truc).

EADS 2006, ça vole bas

Un premier article sur EADS qui n'est qu'une actualisation d'un précédent, je résume :

1) EADS est la création est la création d'une mafia de technocrates, étatistes, syndicalistes, X-Mines, énarques, totalement incompétents en matière commerciale et industrielle.

2) Les Américains avaient intérêt à la création d'EADS suivant le principe que mieux vaut favoriser un ennemi faible par construction que de s'exposer à la survenue d'un ennemi fort et inattendu.

Dans cette optique, d'après Chevallier, l'énarque gauchiste Gallois, son profil et son parcours garantissant son incompétence pour diriger une entreprise en concurrence mondiale, est le candidat idéal des Américains pour la direction d'EADS. Chevallier le traite d'ailleurs d'idiot utile.

3) Pour favoriser l'émergence d'EADS, les Américains ont fait mine de s'y opposer, de manière ostensible, afin que, par esprit de contradiction chauvin, les Européens s'y lancent et que EADS soit dès sa naissance handicapé par l'esprit du nationalisme (si il en est ainsi, les Américains ont particulièrement bien joué : EADS était et est toujours ravagé par le nationalisme).

Cette stratégie américaine est redoutablement efficace car elle fait des anti-Américains ses meilleurs alliés.

4) L'inefficace EADS pompe l'énergie et le capital de l'aéronautique européenne et la plombe durablement.

Il s'agit là de l'opinion de JP Chevallier et je suis agnostique sur le sujet. Par contre, il est vrai que ce raisonnement correspond très exactement à ce qui s'est passé pour l'A380, que j'ai suivi de près.

1) Les Européens hésitaient à lancer l'A380.

2) Boeing a fait semblant de préparer un très gros porteur.

3) Les Européens ont répondu qu'ils ne pouvaient pas laisser le monopole du marché des très gros porteurs aux Américains. Ils ont méprisé les «financiers» (il faut déjà être un peu bêbête pour prendre le mot «financier» pour une insulte) qui leur conseillaient de ne pas lancer l'A380, trop risqué.

4) Aussitôt l'A380 fermement lancé, les Américains ont remisé leur projet de gros-porteur (avec le recul, on sait qu'il n'a jamais été sérieux) et se sont mis au Dreamliner, qui fait depuis un tabac.

5) L'A380 est une catastrophe financière et commerciale, il ne rapportera jamais un sou, bien heureux si il ne coule pas la boîte, et gèle les capacités d'investissement et d'innovation d'EADS pour quelques années.

Le deuxième article est pour faire la promotion des fonds de pension en France. Ils permettraient de résoudre d'un coup deux problèmes : la sous-capitalisation des PMEs et l'étatisation excessive de l'économie.

Les fonds de pension dans les pays de l'OCDE


Mais la réflexion française sur le sujet est absolument inexistante et le sujet n'effleure même pas l'esprit des politiciens. Nos problèmes ne sont donc pas en voie de résolution.

Quand j'entends dire que la retraite par répartition serait plus morale car il s'agirait de solidarité entre les générations, j'hésite entre le rire et les pleurs devant la pauvreté de l'argument : la «solidarité» forcée et obligatoire est une hypocrisie, ça n'a vraiment rien de solidaire.

On essaie d'appliquer des critères moraux de manière inappropriée. La retraite par répartition aurait une valeur morale si elle était volontaire : ceux qui cotiseraient feraient un vrai geste généreux. (De plus, tant qu'à considérer l'argument moral, la retraite par capitalisation (1) est au moins aussi défendable : chacun profite des fruits de son travail sans voler son voisin.)

Se placer sur le terrain de la morale est pernicieux : cela engendre des débats théologiques sans fin et sans grand intérêt, puisque dépourvus de pertinence.

Les cotisants de la répartition ne payent pas pour faire vivre les vieux, mais pour s'acheter des droits à la retraite pour eux-mêmes.

La question est donc : vaut-il mieux mettre de coté de l'argent pour soi ou payer pour les retraités actuels de manière à s'ouvrir pour plus tard des droits à la retraite ?

Le deuxième système est par construction plus lourd, plus déresponsabilisant et pèse sur l'économie, le premier est donc meilleur.

Chevallier conclut par ces phrases qui ont provoqué mon hilarité en imaginant à la tête des pères-la-pudeur de l'orthodoxie antilibérale les lisant :

C’est en financiarisant (presque) toutes leurs activités que les hommes peuvent s’enrichir mutuellement et résorber la pauvreté. En continuant à s’opposer au capitalisme libéral, les Français s’autodétruisent d’années en années…

Il n’y a pas d’opposition entre les intérêts des individus et des entreprises, mais au contraire une communauté d’intérêts.

L'argument pour les fonds de pension est simple : il est économique.

Mais comme l'économie n'a jamais été notre domaine d'excellence collective, nous nous y montrons sous notre plus mauvais jour : stupides, agissant à l'encontre de nos intérêts.

(1) : je me sens presque honteux de devoir ajouter cette précision, mais on ne sait jamais : le principe des fonds de pension ne préjuge en rien de qui gère les fonds, comment et suivant quels critères. La ministre Christine Lagarde a proposé des fonds de pension gérés par l'Etat, idée particulièrement idiote, à éviter à tout prix, vu les performances de l'Etat-actionnaire, certes, mais idée tout de même.

6 commentaires:

  1. En tout cas ce genre de littérature que je découvre sous la plume de JP Chevallier en parlant de M. Galois "Avec son crane lisse, ses grandes oreilles et son diplôme de l’ENA, c’est l’idiot parfait utile ..." est parfaitement inadmissible.

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  2. "parfaitement inadmissible" ? Comme vous y allez !

    Et la tradition pamphlétaire française ? Et l'expression qui fusille ? Et la phrase qui tue ? Ca existait déjà avant Versailles.

    Nous ne sommes pas chez des moines escouillés.

    Louis Gallois est un homme public, c'est chasse ouverte toute l'année.

    De plus, il faut dire que JP Chevallier m'a bien fait rire.

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  3. Concernant les fonds de pension, la meilleure solution, bien évidemment, c'est de laisser chacun choisir le(s) sien(s). Si L'état veut s'en mêler et en gérer un bien à lui auquel chacun peut librement chosir de cotiser, il n'y a pas de problème.
    M'est avis que la concurence le mangera tout cru en quelques années (10? 20?)

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  4. le plus drole, c'est quand même nos amis fonctionnaires qui peuvent cotiser au préfond mais dont les syndicats manisfestent pour qu'un système équivalent ne voit surtout pas le jour pour les mecs du privé...

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  5. raiter Louis Gallois d'idiot utile, avec son crâne d'oeuf et son diplôme d'énarque, est certes violent, mais je comprends l'argument de JP Chevallier.

    Les difficultés très sérieuses d'EADS, qui mettent au cause son pronostic vital, sont dissimulées par un carnet de commandes plein (sauf pour l'A380). C'est bien, mais le carnet de commandes actuel, c'est déjà en partie le passé et, de plus, c'est la moindre des choses dans une industrie à cycle long d'avoir un carnet de commandes de plusieurs années d'activités quand on est depuis longtemps en phase ascendante du cycle.

    Tout cela ne préjuge en rien d'un avenir radieux qui, lui, est conditionné par le portefeuille de produits commercialisés actuellement. Or, le portefeuille produits d'Airbus (80 % du CA d'EADS) souffre d'une inadéquation au marché grandissante : A380 qui se vend pas, A320 et dérivés vieillissants et sans remplaçants, A350 encore en germe ... L'avenir n'est donc pas assuré : EADS, plombé par son énorme dette, pourrait très bien ne pas résister à des baisses de commandes inéluctables (on parle d'un retournement de cycle vers 2010-2012) et des mesures fortes s'imposent.

    Or, que fait Louis Gallois ? Il retarde le plan Power 8 non pas pour des raisons industrielles et financières mais pour ménager des susceptibilités politico-syndicales. C'est en ce sens que c'est un idiot utile, utile pour les Américains.

    Pour ne pas toujours prendre nos exemples aux USA, nous pouvons considérer une société bien française, qui évite les énarques et n'est pas envahie outre mesure par les Polytechniciens et autres technocrates étatistes, et fonctionne remarquablement : Dassault Aviation.

    Le virage de l'échec commercial du Rafale y a été très bien négocié. L'offre Dassault sur le marché civil fait un tabac. Dassault Aviation, par son esprit d'entreprise, a suscité une grande réussite française : CATIA et Dassault Systems.

    Et vous savez quoi ? Le PDG de DAv est, ô horreur, ô coup funeste du Très-Haut, un "financier", race honnie qui s'occupe des basses questions d'argent tandis que nos crânes d'oeufs se consacrent aux nobles meccanos industriels et aux grands projets (a-t-on jamais vu un technocrate s'intéresser à un petit projet ? L'énarque, par la grâce de l'intérêt qu'il y porte, ennoblit et agrandit le projet.)

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  6. Fonds de pension : où est l'anomalie ? Une spécificité, souvent passée sous silence mais point dissimulée, du prétendu "modèle social français" est que les règles s'appliquant à l'Etat, à ses agents et aux personnels affiliés sont différentes de celles qui régissent le vulgaire.

    La différence sur les fonds de pension n'est qu'une occurrence de cette spécificité, comme les régimes de retraite, la sécurité de l'emploi ...

    Les syndicats restent donc dans leur logique habituelle lorsqu'ils combattent les fonds de pension dans le privé tout en les acceptant dans le public.

    Ce qu'il faut remettre en cause, c'est le raisonnement par lequel l'Etat devrait avoir ses règles propres.

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