dimanche, octobre 21, 2007

Demain, la lettre de Guy Moquet

Demain 22 octobre, les professeurs d'histoire dans les lycées, appliquant les consignes de leur ministre, devraient lire en classe la lettre d'adieu de Guy Moquet.

Cette lettre ne me semble pas le choix le plus judicieux, passons.

J'ai parcouru sur le forum du journal Le Monde les réactions consacrées à ce sujet. Si les gens qui s'y disent enseignants le sont vraiment, je suis atterré, c'est essentiellement des propos dignes d'adolescents attardés : «Je ne le ferai pas parce qu'on me le demande, je n'ai d'ordres (1) à recevoir de personne, et surtout pas d'un gouvernement "fasciste".»

Alors que le ministre offre une solution simple aux contestataires : mettre cette lettre dans son contexte, et là, ils peuvent dire tout ce qu'ils ont sur le cœur, y compris d'ailleurs des conneries.

A moins que les lycéens actuels soient dans l'incapacité de comprendre un contexte complexe, ce qui, au vu des quelques lycéens que je connais, n'est pas impossible.

J'entends souvent dire que le niveau des enseignants baisse. J'espère que le forum du Monde n'est pas représentatif car il illustre à merveille la boutade d'Einstein : «Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine. Pour l'univers, j'ai encore un doute.»

(1) : vous savez ce que j'en pense : tout employé est susceptible de recevoir des ordres de qui le paye. Quand on est dans un système d'éducation étatique, on s'expose donc à la possibilité de recevoir des ordres du ministre de l'éducation. Ceux à qui ça ne plait pas peuvent enseigner dans le privé hors contrat.

4 commentaires:

  1. Ca fait une demi-heure que j'essaie de mettre un commentaire pertinent en appui de votre texte. Mais je n'y arrive pas. Impossible à écrire. Tellement le niveau de connerie est énorme !!!! Sur le site du Monde, c'est pas mal, sur ceux de libe c'est immense.

    Je crois que sur cette affaire de lettre, les réactions des bobos gauchistes a dépassé tous les niveau possible de conneries !

    J'en reste totalement abassourdi !

    Je crois que Raymond BOUDON a tort sur un point : le sens commun n'est pas si partagé que ça.

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  2. Vous faites bien d'évoquer Raymond Boudon, qui a écrit deux livres parfaitement adaptés au sujet : L'art de se persuader et L'idéologie ou l'origine des idées reçues.

    Presque chaque fois que je discute politique avec un prof, je trouve les propos d'une grande pauvreté intellectuelle, même si il y a force connaissances à l'appui : on peut très bien multiplier chiffres et exemples pour soutenir des idées finalement très fragiles.

    JF Revel a fait partie dans sa jeunesse d'une sorte de secte et en est sorti. Cela l'a vacciné contre toute forme d'embrigadement.

    Il disait, à propos des communistes repentis et aussi un peu de lui-même, que rien ne vaut le pluralisme des opinions pour façonner et promouvoir des idées justes.

    Or, la petite expérience que j'ai de l'éducation nationale me convainc que c'est un milieu très fermé, où le pluralisme d'opinions politiques est quasiment inexistant (voter Bayrou, c'est être à droite).

    Sur mon lieu de travail, je n'ai qu'à parcourir quelques mètres pour être en contact avec un communiste, un socialiste, un bayrouiste, un libéral, un sarkozyste, un jemenfoutiste, et un lepéniste (non revendiqué, mais c'est assez clair). De plus, les commentaires de ce blog me sont bien utiles : même quand je ne change pas d'avis, je suis bien obligé de réfléchir à ce que m'écrivent mes contradicteurs.

    Je doute qu'un tel pluralisme soit possible en salle des profs. De plus, les profs, de par leur horaires et leurs emplois du temps, ont une nette tendance à vivre entre eux.

    Le corps professoral est donc très vulnérable au "groupthink" (comme disait Orwell) qui, de simplification en simplification, finit par faire dire des choses totalement idiotes.

    C'est d'autant plus vrai que les professeurs font partie de la catégorie intellectuelle intermédiaire des transmetteurs d'idées (comme moi ou comme les journalistes) plus que des créateurs d'idées.

    Bref, si les âneries qu'on peut lire de la part d'enseignants sont difficilement pardonnables, elles ont du moins une explication.

    De plus,l ne faut pas oublier que dans ce groupe largement discrédité, il y a tout de même des honnêtes gens.

    Enfin, les plus sonores ne sont peut-être pas les plus représentatifs.

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  3. N'ayez aucun doute, hélas: ce sont bien des professeurs, j'en mettrais pas mal de choses à couper.

    J'ai moi-même été témoin, à de multiples reprises, de la pauvreté de pensée, de connaissances, d'expression, de nombreux professeurs croisés sur les blogs.

    Pour ne rien dire, naturellement, de leur ahurissant dogmatisme gauchiste, de l'intolérance et du manque de savoir-vivre dont ils font preuve à l'égard de quiconque ne partage pas leurs idées.

    Comment voudriez-vous qu'il en fût autrement? L'école, telle qu'elle a été conçue par la secte dite pédagogiste depuis trente ans, est une machine à décérébrer, et les Instituts de formation des maîtres, sanctuaires du pédagogisme, plus encore.

    Les enfants abêtis par l'école sont devenus professeurs, voilà tout. Et ils déforment à leur tour des générations d'enfants, qui, à leur tour...

    Voilà bien le plus effrayant du système: il s'auto-entretient. Bientôt, si rien ne change, il n'y aura plus personne qui se souvienne comment c'était avant, personne qui ait des références un peu solides.

    Heureusement, il semble bien que certains, parmi les jeunes professeurs, aient compris l'arnaque intellectuelle, pédagogique et sociale de l'Education nationale, et n'hésitent plus, ni à se démarquer du gauchisme obligatoire, ni à se rebeller, ouvertement ou clandestinement, contre les méthodes criminelles des pédagogistes.

    Mais, concernant la baisse générale du niveau, il suffit de lire les interventions non pas des professeurs, mais de tout un chacun sur les espaces d'expression du Monde.fr.

    Il faut les lire tout en se souvenant que ce journal était, jadis, la référence du public cultivé. Et les gens qui s'expriment sur ces forums sont uniquement les abonnés payants du site; il y a donc déjà un écrêmage...

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  4. Le Monde a ouvert un forum sur le sujet qui a un peu plus de tenue (ne serait-ce que pour l'orthographe et la syntaxe !) que le fil de discussion des abonnés.

    Il n'empêche que le coté "Na, na, na , nère, je ne le ferai pas parce que c'est demandé par le ministre" m'insupporte. Bien sûr, nous avons droit à des formules ronflantes genre "police de la pensée" et "ces temps funestes qu'on ne croyait plus revoir", mais une telle emphase, si mal venue, dévalorise les mots plus qu'elle ne réhausse la pensée.

    Il faudrait expliquer à certains profs, qu'un ordre du ministre, bien faible d'ailleurs, au vu des caveats, (pluriel maison), ce n'est pas exactement la Gestapo et la Milice qui frappent à la porte.

    Il faudrait qu'ils arrêtent de jouer sans arrêt à Charles Laughton dans Vivre libre (pas le meilleur film de Renoir), ça finit par être lassant et par ridiculiser un symbole qui ne le mérite vraiment pas.

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