jeudi, octobre 25, 2007

La constitutionnalisation du principe de précaution est-elle irréversible ? J'en ai bien peur

Le fameux principe de précaution m'a toujours heurté comme réactionnaire et rétrograde. Je suis d'accord avec l'article de Claude Bébéar (lire aussi les commentaires).

Mais c'est assez difficile à expliquer : la plupart des gens confondent la nécessité de prévenir et le fait de donner valeur constitutionnelle à l'immobilisme.

On dit souvent, pour défendre ce principe : «Il ne faut pas faire n'importe quoi». Comme si avant l'instauration du principe de précaution, on pouvait faire n'importe quoi ! Bien sûr que non, toutes les lois sur la responsabilités et les dommages sont là pour empêcher de «faire n'importe quoi».

Quoiqu'en disent certains, il n'y a pas aujourd'hui de rupture qui nécessiterait l'édiction de nouveaux principes.

Ce que dit le principe de précaution, c'est qu'en cas de risques non évalués, il ne faut rien faire (car faire des études supplémentaires, c'est dans la plupart des cas simplement repousser l'action aux calendes grecques) ; mais comme ne rien faire comporte aussi des risques non évalués, c'est totalement idiot et contradictoire.

D'ailleurs, si le principe de précaution avait été appliqué au principe de précaution, il ne serait pas dans le constitution.

Alors quoi ? C'est en réalité fort simple : comme toute existence humaine induit des risques, tant dans l'action que dans l'inaction, qu'il est impossible la plupart du temps d'évaluer et donc de hiérarchiser, on est dans l'impasse si on est rationnel.

Pour sortir de l'impasse, il suffit très simplement d'être irrationnel. Les risques sont non plus hiérarchisés par l'analyse, mais par les émotions, les images chocs, le discours le plus émouvant, le groupe de pression le plus efficace.

En ce sens, le principe de précaution est une défaite de la pensée, et très lourde.

Je connais suffisamment l'histoire de l'aviation pour avoir une certitude : si le principe de précaution avait existé du temps des frères Wright et de Blériot, on en serait encore aux avions en papier.

Car les risques n'étaient pas là où on les croyait, et ils étaient aussi là où on ne les croyait pas. Et il n'y avait qu'un seul moyen de savoir, qui est toujours la devise des pilotes d'essai "Y aller voir".

Mais finalement, à l'échelle de l'humanité, ce n'est pas grave : les découvertes dont la France se privera seront faites par d'autres qui n'auront pas nos lubies. Par contre, s'agissant de la France ...

Mais, après tout, pourquoi vouloir à tout prix que ce pays ait un avenir ?

5 commentaires:

  1. je vous cite :

    "D'ailleurs, si le principe de précaution avait été appliqué au principe de précaution, il ne serait pas dans le constitution."

    jolie figure !

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  2. Je réponds souvent, à ceux qui me traitent de négationiste en référence à mon désaccord avec la certitude des réchaufistes, et qui me parlent du principe de précaution, que si nos lointains ancêtres avaient appliqué ce principe comme nous l'entendons aujourd'hui, nous serions encore perchés dans un arbre. En général, ça calme un peu les esprits.

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  3. "Ca calme certains esprits" Pas tous : les écolos les plus extrêmistes sont convaincus qu'il y a trop d'hommes sur la terre et que le mode de vie de l'âge de pierre est le plus harmonieux.

    Ils ne disent pas explicitement comment réduire le nombre d'hommes, mais il est facile de comprendre qu'une "bonne" épidémie ne serait pas pour leur déplaire.

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  4. "les écolos les plus extrêmistes sont convaincus qu'il y a trop d'hommes sur la terre et que le mode de vie de l'âge de pierre est le plus harmonieux."
    C'était déjà l'opinion de Rousseau...

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  5. Je suis persuadé qu'un de ces quatre nous aurons des attentats monstrueux par des groupuscules "verts" au nom de la préservation de l'humanité.
    Aprés les Fractions armées rouges, les fractions armées vertes ?

    L'enfer est pasvé de bonnes intentions. Demandez à un orphelin tchadien. Il vous le confirmera

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