vendredi, novembre 21, 2008

L'hyper-démocratie (2)

Pourquoi l'hyper-démocratie ne peut qu'échouer

L'égalitarisme de l'hyper-démocratie est destructeur de toutes les différences qui ne peuvent être (facilement) expliquées par la raison, qui résultent des habitudes, des traditions, des coutumes.

Or, ce n'est pas parce qu'une chose ne peut être expliquée facilement qu'elle est idiote et inutile, l'onction des ans est une validation que rien ne nous autorise à rejeter avec insouciance, surtout dans un domaine aussi complexe et fondamental que les relations humaines.

Or, l'habitude, la coutume, la tradition, font 90 %, si ce n'est plus, des relations humaines.

Autrement dit, les partisans de l'égalitarisme se proposent, peut-être sans bien s'en rendre compte, de bouleverser l'ensemble, ou presque, des relations humaines et de tout reconstruire à partir de leur principe d'égalité de fait, par la seule force de leur raisonnement.

Une fois que le problème est présenté ainsi, on comprend pourquoi ce projet ne peut qu'échouer et aboutir à une société moins créative et plus violente : toutes les tentatives de table rase et de reconstruction d'une société idéale par le seul usage de l'intellect ont échoué en politique, alors quand on aborde les domaines encore plus complexes et sensibles que sont les relations humaines, il est bien évident que l'échec ne peut être que total et dévastateur.

Pourquoi la population suit


Ceux qui veulent consciemment détruire tout ou partie dela société sont une infime minorité d'ultra-gauchistes abrutis, comme, par exemple, les syndicalistes pédagogistes qui se sont emparés de l'éducation nationale.

Pourtant, la masse de la population a accepté et accepte encore de les suivre dans leurs pulsions destructrices sans bien réaliser l'enjeu, ou bien trop tard (1). Pourquoi ?

Il faut d'abord bien voir que ce phénomène est étroitement circonscrit dans le temps et dans l'espace : il concerne exclusivement les pays occidentaux depuis les années 50-60. Ca fait du monde, mais ce n'est pas le monde entier. En Asie, les hiérachies traditionnelles ont bougé, mais la notion même de hiérarchie n'a pas été remise en cause.

C'est pure conjecture de ma part, mais je tente une explication. Voici les causes de l'hyper-démocratie telles que je les vois :

> les deux guerres mondiales ont fait perdre aux occidentaux la confiance dans leur société et dans leurs valeurs. Tout ce qui avait précédé 1945 devenait critiquable, pouvait faire l'objet de mépris sans (trop) choquer.

> la contraception, les progrès de la médecine et l'allongement de la durée de la vie ont changé les rapports de couple et de filiation et le rapport à la mort, à la finitude.

> enfin, la guerre, civile ou étrangère, s'éloignant et une société d'abondance inconnue jusque là s'installant, les rapports au manque, à la frustration, au danger et au risque ont eux aussi changé.

> ce mouvement a coïncidé (cause ou conséquence ?) avec l'extension de l'Etat-providence qui implique déresponsabilisation et infantilisation.

Je ne saurais démêler leur poids respectif et leurs interactions, mais il est clair que tout cela a fait trembler le vieux monde sur ses bases.

Quel avenir pour l'hyper-démocratie ?


Examinons où nous en sommes :

> les deux guerres mondiales s'estompent mais la crise des valeurs reste.

> la contraception et la procréation «innovante» font rage, par contre, il se pourrait que les progrès de la médecine ralentissent. Un retour des épidémies est possible.

> la crise économique actuelle pourrait mettre fin à l'insouciance et tuer l'Etat-providence.

Bref, l'hyper-démocratie a encore de beaux jours devant elle : elle est irréversible (une fois qu'une tradition est détruite, il est impossible de la rétablir) et fait boule de neige (plus il y a d'«hyper-démocrates», plus il est difficile de perpétuer les liens traditionnels, et plus les liens traditionnels sont détruits, plus il y a d'«hyper-démocrates»).

Cependant, les vents qui la poussent paraissent un peu moins forts.

Tôt ou tard, l'hyper-démocratie sera mise en accusation, mais pas avant d'avoir dévasté notre culture et notre notre mode de vie. Les pays occidentaux se suicident, lentement mais sûrement.

(1) : l'éducation nationale est exemplaire à cet égard : combien de professeurs qui ont suivi d'enthousiasme les pédagogistes regrettent amèrement devant le naufrage éducatif, «ce n'est pas ça que nous voulions», de s'être laissés entrainer ? Je me souviens de mon professeur de Français de seconde, donc peu après 1986-87, pourtant jeune, qui pestait contre les premiers IUFMs, les traitant d'attentats contre l'intelligence, et prévoyant la décadence qui allait suivre. Il était peiné par la passivité de ses collègues qui semblaient considérer que tout cela n'était pas grave et qu'il ne fallait pas en faire une batteuse.

2 commentaires:

  1. Bonjour à tous,

    "Les partisans de l'égalitarisme se proposent ... de bouleverser l'ensemble, ou presque, des relations humaines et de tout reconstruire à partir de leur principe d'égalité de fait, par la seule force de leur raisonnement."


    Une façon de vivre provoque un résultat, pas 2, à mon avis aussi, cela n'est pas trés bien compris par les habitants des pays riches.

    Encore faudrait-ils qu'ils savent tous, qu'ils sont "riches".

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  2. Prenez l'exemple de Zemmour, accusé d'être raciste parce qu'il soutient l'existence de race ! Alors que moi même je soutenais la thèse de Zemmour, je me suis fais traité à demi-mot de raciste aussi. J'ai renvoyé mes "agresseurs" à la lecture de l'article 1er de notre constitution : "la République est laique, démocratique et sociale. Elle assure devant la loi.....".

    Trouvez la suite de la phrase et le mot qui convient...

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