samedi, décembre 06, 2008

Le plus pervers n'est pas celui qu'on croit

On entend souvent, surtout dans la bouche de journalistes creux et incompétents, c'est-à-dire la majorité, l'expression «effets pervers».

Le contexte est toujours la même : l'Etat prend une mesure, et celle-ci aurait des «effets pervers».

Evidemment, dit comme cela, on pourrait croire qu'il n'y pas de quoi fouetter un chat, pourtant, elle est très révélatrice des valeurs de ceux qui l'utilisent.

Citons un exemple : le gouvernement baisse les charges sur les bas salaires, les employeurs ont donc intérêt à ne pas augmenter leurs employés,les salaires sont donc concentrés entre le SMIC et le SMIC+10 %, c'est un «effet pervers».

Vous remarquez tout de suite que l'«effet pervers» n'a absolument rien de pervers, c'est au contraire l'adaptation rationnelle, logique, naturelle, à une modification étatique des variables qui conditionnent un choix.

Alors, où est la perversité pour ceux qui utilisent l'expression «effet pervers» ?

Elle est dans la liberté des acteurs de s'adapter aux décisions réelles de l'Etat et non à ses intentions.

Je vous rétablis avec, en gras, le sous texte, tu mais pensé très fort, la description de l' «l'effet pervers» :

L'Etat, naturelllement bon, avisé et compétent, prend une mesure avec les meilleres intentions du monde. Celle-ci a des effets pervers car elle est sabotée par ces pervers d'acteurs économiques qui ne se contentent pas d'obéir sans rechigner à l'Etat mais agissent au mieux de leurs intérets dans le peu de liberté qui leur est laissée.

Nous qui ne sommes pas nés de la dernière pluie savons qu'en réalité, dans tout cela, la seule perversité est l'intervention étatique dans le but mal avisé d'essayer de faire agir les individus contre leurs intérêts.

2 commentaires:

  1. En anglais, on parle je crois de "side effect" que parfois on traduit mal par "effet de bord" ou "effet non désiré".

    Cependant, une des règles de base dans toute analyse politique ou sociologique, c'est justement de regarder ce qu'il se passe concrêtement avec ces fameux "side effects".

    Penser que tout marche comme prévu, surtout dans ce genre de domaine, c'est faire preuve, au choix, de bêtise, de prétention ou d'aveuglement.

    Cordialement

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  2. En fait, effets pervers, cela veut dire effets inattendus, non prévus par les concepteurs d'une opération, voire allant dans le sens contraire de leurs objectifs et de leurs prévisions.

    C'est sans doute dans ce dernier sens que se situe l'explication du mot pervers, et non dans une nuance morale qui n'a, bien entendu, pas lieu d'être, en général, dans le contexte où cette expression est employée.

    Quand vous dérapez en voiture, et que vous donnez des grands coups de volant ou de frein pour redresser la trajectoire, vous obtenez en général l'inverse de l'effet attendu. Ca ne veut pas dire que votre voiture soit une salope, vous un con, ou les lois de la mécanique conçues par le diable.

    C'est juste que... c'est un effet pervers de vos tentatives désespérées pour vous en sortir.

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