dimanche, avril 24, 2011

La religion de l'Etat

Ce que je vais raconter là n'a rien d'original, c'est juste pour fixer les idées à un an de l'élection présidentielle.

Sur BFM, Jacques Delpla fait remarquer que la France est le dernier pays occidental à vivre dans le déni des déficits publics, à faire comme si de rien n'était.

Pour qui s'intéresse à l'actualité étrangère, le contraste est effectivement frappant. Pourquoi ce déni ?

Bien sûr, il y a des raisons sordides, la France pratique plus qu'aucun pays le social-clientélisme : j'achète les voix des citoyens-électeurs en offrant de l'assistanat que je ne fais pas payer à son juste prix grâce aux déficits.

On a créé de toutes pièces des clientèles dépendantes, comment retirer le pot de miel et leur faire comprendre que «mon coco, c'est fini, maintenant, tu te démerdes tout seul dans la vie» ?

Ce sont les politiciens qui ont créé ce problème, qui nous ont mis dans cette merde, qu'ils débrouillent pour le résoudre.

Cependant, ces errements n'ont été possibles parce qu'il y avait un substrat philosophique.

La France est le pays qui a inventé la guerre philosophique contre le catholicisme et son remplacement par la religion de l'Etat.

A un paradis futur, on a substitué l'espérance d'un monde meilleur, d'une fusion fraternelle, par l'intermédiaire de la politique, dont l'Eglise est l'Etat. Le culte de l'être suprême était une tentative éphémère parce que grossière, mais l'esprit est resté.

Bien qu'inventé par les Anglais, l'Etat-providence (appellation très appropriée) s'insérait admirablement dans cette philosophie : la providence étatique remplace la providence divine.

Mais cette idée fantasmatique se heurte à la réalité : la divinité faite de main d'homme, qui permettrait aux hommes de s'abstraire des malheurs de la condition humaine, n'existe pas. Les déficits publics ne sont que la manifestation visible de cette impasse intellectuelle très profonde.

C'est pourquoi je doute qu'une campagne électorale suffise pour faire revenir la France à la réalité, qui est que ce n'est pas à l'Etat de soigner les maux de la vie, tout simplement parce qu'il n'en a pas et ne peut en avoir la capacité. Trop de mauvaises habitudes ont été prises.

Mais, à défaut de devenir soudainement droits (1) et intelligents et de nous remettre en cause, nous serons forcés par les circonstances à revenir sur terre. Cela sera très douloureux.

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(1) : car la foi en l'Etat-providence n'est pas seulement une faillite intellectuelle, c'est une faillite morale.

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