mercredi, février 01, 2012

Kerdrel sanglant sur François-la-gélatine

La chronique d'Yves de Kerdrel.

Le candidat socialiste est un illusionniste. Il l'a avoué, lui-même, lors de son meeting du Bourget où la gauche caviar ovationnait celui-là même qu'elle moquait il y a six mois. Citant Shakespeare, le député de Corrèze a déclaré: «Nous réussirons parce que nous commencerons par évoquer le rêve» ! Tout est dit. Faire rêver. Faire croire. Imaginer que la France est une sorte de «mobile sur coussin d'air» où ne bat aucun cœur humain, et où les décisions peuvent être prises sans regarder le reste de la planète.

Prendre à nouveau les Français pour des naïfs qui n'auraient pas retenu les leçons des mirages de 1981. Et ne pas tenir compte de la crise incroyable qui frappe l'économie mondiale, y compris les pays émergents. De la crise financière qui rebat les cartes de la gouvernance européenne. De la crise industrielle qui oblige à chercher de nouveaux schémas de pensée autour du travail, de la formation et de l'apprentissage.

Cela fait maintenant dix mois que François Hollande bat la campagne, et décline ses oraisons creuses, sur les routes de France. Mais les enquêtes d'opinion ne bougent pas d'un iota: si le député de Tulle paraît populaire, il n'a encore qu'un faible capital de crédibilité. D'un côté, il y a les soixante propositions que le candidat socialiste a rendues publiques cette semaine. Une litanie ennuyeuse, technocratique, et faite pour montrer que le député de Corrèze a su s'entourer d'une équipe d'experts aussi peu imaginatifs que ceux qui ont dirigé le pays depuis trente ans. D'un autre côté, comme le négatif d'une photo, il y a tout ce qui transparaît de cette logorrhée. Tout ce verbiage subliminal qui révèle la vraie personnalité du candidat socialiste. Il y a tout ce qui sera détruit, cassé ou abrogé par François Hollande.

Primo: le sabotage de la politique nucléaire française. En signant un pacte faustien avec «les diables écologistes», François Hollande a accepté de fermer progressivement 24 réacteurs nucléaires sur les 58 existant. De cela, il n'en fait curieusement pas mention dans son programme. Pourtant les conséquences sont connues et déjà chiffrées: ce serait la disparition de près de 500 000 emplois directs et indirects, des coûts de démantèlement et de reconversion de près de 400 milliards d'euros, et surtout une électricité - actuellement la moins chère d'Europe - dont le prix augmenterait de 40 %. Sans compter la perte d'un bien sacré pour tous les Français: l'indépendance énergétique ; une notion qui n'a pas de prix, mais qui aura un coût de plus en plus élevé compte tenu des troubles géopolitiques.

Deuzio: la mise en coupe réglée de nos «banques universelles». D'emblée, le candidat socialiste, qui a désigné le monde de la finance comme son ennemi personnel, a affirmé vouloir séparer les activités de banque d'investissement et de banque de détail. Par pure démagogie. Par simple volonté de faire «du monde de l'argent» un bouc émissaire facile. Car si les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Espagne ou l'Irlande ont connu des faillites bancaires retentissantes et si l'Italie ou l'Allemagne pèchent encore par les difficultés de certaines de leurs maisons, les banques françaises, elles, ont traversé ces trois années de crise, sans état d'âme, sans accroc, sans relâcher le financement de l'économie et des ménages, et sans sombrer, non plus, dans les travers de l'économie-casino. La «banque universelle» est un vrai succès français, que François Hollande veut casser comme il a décidé de briser l'élan nucléaire.

Tertio: François Hollande entend réformer le quotient familial, dans un souci d'égalitarisme et de nivellement. Sans penser un instant qu'il va mettre à terre ce qui est l'un des plus grands atouts du pays: sa politique familiale, sa natalité, et une certaine manière de traiter les difficultés des classes moyennes dans la période actuelle.

Lorsqu'un dirigeant d'entreprise, un chef de gouvernement ou un nouvel entraîneur sportif prend ses fonctions, il commence par regarder ce qui fonctionne et ce qu'il faudrait améliorer. Réflexe sain et naturel. Il s'attaque d'abord à ce qui fait défaut et tâche de préserver, coûte que coûte, ce qui fait l'excellence d'un pays, d'une entreprise ou d'une équipe. Avec François Hollande, c'est exactement l'inverse: les atouts du pays seront mis en coupes réglées. Quant aux points faibles, mieux vaut ne pas y penser! Souvenons-nous seulement de ce que disent ses amis de la Rue de Solférino: «on lui a confié le Parti socialiste, il nous a rendu la SFIO». La France de 2012, avec ses atouts et ses défis, mérite beaucoup mieux qu'une sorte de Guy Mollet, se rêvant en Merlin l'Enchanteur.

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