dimanche, juillet 15, 2012

Je n'aime pas la littérature

Je n'aime pas la littérature.

Je lis, environ quarante livres par an. Mais je lis essentiellement pour m'instruire, motivation anathème aux yeux d'un amoureux de la littérature. Il m'arrive rarement de lire par pur plaisir des mots.

Ma première défiance est vis-à-vis des littérateurs. Ayant été formé en grande partie par mes lectures de jeunesse sur la seconde guerre mondiale, j'en ai conçu un profond mépris des gens-de-lettres, mépris qui ne m'a plus quitté.

Ces gens se payent de mots. L'archétype de ces salopards à plume est Sartre, ou Aragon : les appels au meurtre à partir de la terrasse du Flore devraient faire vomir tout homme bien-né.

Je me méfie un peu moins des écrivains qui, disposant d'une fortune personnelle, peuvent se passer momentanément d'être publiés.

Mais enfin, tout cela, à quelques exceptions, ce n'est pas du monde bien. C'est un milieu de bonimenteurs et de charlatans où l'on ignore le culte de l'idée juste et de l'action droite, où un bon mot, une habile pirouette, font passer une idée fausse.

Ensuite, la littérature pour la littérature n'a jamais éveillé chez moi beaucoup d'intérêt. Au bout de quelques pages, cela me paraît un songe creux, et vain. C'est vite à mes yeux un exercice de cuistre essayant d'attirer l'attention d'autres cuistres pour ensuite comparer dans des salons choisis leurs cuistreries.

Et pourtant, me direz vous, je prends plaisir à la lecture de Stendhal ou de Flaubert. Certes, mais ce sont des exceptions. De même que j'ai lu Le rivage des Syrtes avec boulimie, mais c'est le seul ouvrage de Julien Gracq qui ne m'est pas tombé des mains.

Cependant, la littérature est plus que jamais nécessaire, car elle préserve de l'utilitarisme qui envahit notre monde. Je la considère à l'égal de l'huile de foie de morue : il en faut, c'est sain, mais c'est une corvée.



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