lundi, octobre 19, 2015

Immigration : pourquoi il n’y a pas de débat en Suède (et en France non plus)

Immigration: pourquoi il n’y a pas de débat en Suède (L’altruisme obligatoire est un narcissisme)

La position de supériorité morale comme échappatoire à la politique et comme narcissisme, c'est une analyse bien connue, applicable à la Suède et à la France, et, en fait, à toute la classe dirigeante occidentale.

Je suis navré, même si j'en comprends les raisons, que beaucoup de catholiques, qui devraient mieux savoir, tombent dans ce panneau. Mais ce coup-ci, je ne vais pas invoquer Chesterton et les vertus chrétiennes devenues folles (même si ...) mais Soljenitsyne, l'oubli de Dieu. Il y a quelque chose d'hommes qui se prennent pour des dieux chez ceux, qui ne pouvant être des saints (ce n'est pas donné à tout le monde), veulent forcer les communautés nationales à assumer leurs pulsions de générosité lointaine.

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Le journaliste suédois affirme d’emblée : « En Suède, les médias ne surveillent pas le pouvoir, ils surveillent le peuple. » [on dirait vraiment la France]Puis il décrit la manière dont des journalistes ont harcelé une blogueuse, connue sur la toile sous le nom de Julia Caesar et qui, tant sur les questions d’immigration que de genres, affichaient des opinions dissidentes. En dernier ressort, le nom, l’adresse et la photo de la blogueuse auraient été publiés, contre le souhait de cette dernière, journaliste à la retraite. « De cette manière, les médias mainstream lui ont fermé le clapet, elle devenait trop dangereuse. » C’est à cause de cet exemple que le journaliste interviewé tient à garder une sorte d’anonymat (il donne son nom, si courant qu’il pourrait être un pseudonyme, mais refuse d’être photographié).

Comme Mikaël Jalving s’étonne de cette peur (qui fait le jeu du pouvoir), Johann Andersson la justifie et évoque la pression sociale, voire physique (cas de violences contre certains blogueurs), mais insiste surtout sur la légitimation par les élites de ces intimidations : la gauche a en effet inventé le concept de « god had », la bonne haine, la haine justifiée, la haine nécessaire. Cette « bonne haine » est alors relayée par des associations dites antifascistes et antiracistes. Cette bonne conscience et cette impunité morale se double, pour les journalistes, du sentiment d’être objectifs quand les dissidents, quand ils évoquent ce qu’ils constatent, sont nécessairement au mieux victimes d’idées reçues, au pire fanatiques et partisans. Tout ceci n’étonnera que modérément les lecteurs français qui connaissent un même « climat du débat » depuis de nombreux mois. Mais, là où l’interview devient passionnante, c’est lorsque le journaliste suédois analyse ce que nous appellerons ici les ressorts pulsionnels de la politique de son pays.

Pour Johann Andersson, il y a derrière la politique très favorable à l’immigration des élites suédoises deux désirs aussi inconscients que têtus.

Le premier consiste à être moralement les meilleurs. Il ne s’agit pas d’agir bien, mais d’agir mieux. Mieux que tous les autres [ce complexe du bon élève qui cherche à faire plaisir à la «maicresse» est aussi très présent en France]. Andersson déclare que son pays veut devenir le meilleur élève de le communauté internationale, le chouchou des Nations-Unies (« Eliterne drømmer om at gøre Sverige til FN’s kæledægge »).

Le second consiste à obliger les autres nations européennes à suivre son exemple, en étant à la fois membre de l’espace Schengen et en n’appliquant pas le protocole de Dublin, créant ainsi une situation de fait contraignant les autres capitales à réviser leurs propres politiques (ce qu’ont fait l’Allemagne, puis la France…). Andersson conclut ainsi « Sveriges politik er en trussel mot hele Europa » : La politique menée par la Suède constitue une menace pour l’ensemble de l’Europe.

Nous comprenons ici que la position narcissique des élites suédoises renvoie à quelque chose apprise fort tôt à l’école et dans la famille : la sublimation de la pulsion de domination par un surmoi exemplaire et persécutif, véritable colonne vertébrale de la société du consentement. Chacun est appelé à exercer son emprise sur l’autre en exerçant un mieux-disant, mieux-faisant moral, sanctionné positivement par l’Autorité.
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