dimanche, mars 12, 2017

Le retour de la morgue

Morgue : attitude hautaine, méprisante : Homme plein de morgue. (Larousse)

Partout en occident, la morgue est de retour.

Le mépris des gens d'en haut pour les gens d'en bas atteint un sommet jamais vu sous nos latitudes (sauf peut-être pendant la Régence), parce que les gens d'en haut ne se sentent que des droits et plus aucun devoir.

N'importe quel merdeux, parce qu'il a hérité de l'argent de papa ou qu'il a vendu son âme au diable pour faire consultant, journaliste ou ministre (ou n'importe quel autre métier d'escroc compulsif), n'importe quel vieux crouton refusant de vieillir et pété de thunes plus ou moins mal acquises, se croit autorisé à traiter avec un mépris d'airain un valet chenu, un paysan courbé sous le faix ou une pauvre secrétaire, parce que ces gens n'ont pas (soit qu'ils n'y aient pas pensé, soit qu'ils n'aient pas eu l'occasion) vendu leur âme.

La morgue est la fille du « sympa » et du « cool ».

Le « sympa » est le contraire de la sympathie. La sympathie signifie que, par delà nos différences, nous avons conscience de partager les rigueurs de l'humaine condition. Le « sympa », c'est l'inverse : on affiche une convivialité de façade, « Pas de tutoiement entre nous, appelle moi Bob », pour mieux se débarrasser de tout ce qui pourrait ressembler, quelle horreur !, à des rapports vrais.

Une fois que le « sympa » a nivelé les rapports sociaux, miracle, comme un tour de prestidigitation, Gérard Majax puissance dix : les maîtres, les dominants, n'ont plus de devoirs. « Démerde toi. On se tutoie, tu es un grand garçon comme moi. Et vlan, tiens, pendant que j'y suis, je te donne un coup de pied sur la tronche pour t'enfoncer la tête dans le sable ».

On peut en voir des archétypes dans Jacques Chirac et François Hollande, par exemple : une jovialité de façade dissimulant un cynisme d'acier, un égoïsme de bronze et un mépris de granit. On n'invente pas l'expression les « sans-dents » par hasard.

A l'autre extrémité de l'univers, on n'imagine pas le Guépard « sympa » avec son personnel, mais on ne l'imagine pas non plus se dérobant à ses devoirs vis-à-vis de celui-ci.

Nous n'avons plus de guépards ni de lions, nous n'avons que des hyènes et des chacals, et qui s'en font une fierté.










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