mercredi, juillet 05, 2017

La triplette du désastre

Macron, c’est du Juppé, c’est du Hollande : on vide la politique de son sens, on fait semblant de croire que tous les problèmes politiques se réduisent à des questions techniques, que c’est juste affaire de « compétence », pour dissimuler un choix authentiquement politique, la soumission aux exigences européistes de Berlin.

Et les couilles molles de droite approuvent. Les cons !

Vote de confiance : quand la droite se fait (encore) hara-kiri


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Les socialistes ont également [comme les couilles molle de l'UMP]fait le choix de l'abstention. Cela vous semble-t-il cohérent ?

Pas davantage que LR. Je répète que l'abstention d'un député et a fortiori d'une majorité d'un groupe, à l'occasion d'un vote aussi fondamental que la confiance à un gouvernement constitue un non-sens politique.

L'opposition à Macron se réduit à une portion congrue de LR, à la France Insoumise et au FN. Que cela signifie-t-il en termes de recomposition politique ?

Que cela favorise évidemment Emmanuel Macron, à court terme. On assiste à ce que Jérôme Sainte-Marie a expliqué dans vos colonnes: l'affrontement d'un « bloc élitaire » cohérent et homogène et d'un « bloc populaire » complètement morcelé. Cette situation pourrait vite devenir malsaine, voire explosive.

Le risque n'est-il pas d'assister à une flambée des votes dits « populistes » ou de l'abstention lors des prochaines élections ?

Ce risque existe. Mais la situation pourrait être pire encore, car la France insoumise connaît beaucoup de contradictions internes de plus en plus perceptibles, notamment sur la question du multiculturalisme, tandis que le FN connaît des signes avant-coureurs de tensions très fortes. Bref, il ne pourrait y avoir aucun débouché alternatif au gouvernement ! Dans le contexte économique, social, culturel et international, l'état de notre paysage politique confine au désastre. Comment canaliser les éventuelles colères? Nous sommes assis sur un baril de poudre.
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Pourquoi Alain Juppé a gagné la présidentielle

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On voit que le libéralisme de Macron n'est qu'un leurre, que sa réalité est celle d'une bureaucratie d'accommodements comme son capitalisme est de connivence. Comment pourrait-il en être autrement pour un président issu du milieu lilliputien des inspecteurs des finances passés par la banque d'affaires, qui conçoivent le monde comme le champ clos où s'arrangent entre eux les puissants, le vulgum pecus economicus étant réduit à n'en connaître que ce que les commentateurs autorisés lui diront ?

[…]

De Juppé, Macron a donc les soutiens, les collaborateurs et les réflexes corporatistes. Mais c'est de Hollande qu'il tient l'essentiel de sa pratique gouvernementale: gagner du temps, enfumer, distraire par la communication, noyer le poisson des réformes dans l'eau des subterfuges.

Comme tout mirage, la politique macronienne tend à repousser la confrontation au réel. Juppé, en 1995, avait tenu six mois. Hollande un an et demi. Macron peut espérer une durée intermédiaire. Les Français, y compris la grande majorité de ses électeurs, sont tellement désabusés qu'ils n'attendent en réalité pas grand-chose de lui, outre la comédie du rajeunissement. Continuer à consommer sans trop avoir à se serrer la ceinture: ils ont élu Macron pour qu'il obtienne ce minimum à Berlin. Juppé n'avait pas réussi, Hollande n'avait eu gain de cause que parce que la crise grecque a fait peur aux Allemands. Macron ne sait pas encore comment il y parviendra. Mais faites-lui confiance !

Sorte de Hollande grimé en jeune Juppé, Macron nous offre la synthèse ultime d'un pouvoir oligarchique heureux de son nouveau lifting, du genre de ceux qui finissent par transformer les sourires en grimaces.
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Immigration : l'éclairage d'un analyste américain

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Les modifications de toute politique sociale ne profitent pas également à tous et la politique migratoire ne fait pas exception. Je suis un réfugié qui a quitté Cuba en 1962. Je n'ai pas seulement une grande sympathie pour les immigrants qui souhaitent améliorer leur vie, je suis aussi la preuve vivante que la politique migratoire peut profiter énormément à certaines personnes. Mais je suis aussi un économiste particulièrement conscient des compromis qu'elle suppose. C'est inévitable, l'immigration n'améliore pas le bien-être de tous. Il y a des gagnants et des perdants, et nous devrons faire des choix difficiles. L'amélioration des conditions de vie des immigrants a un prix. Quel est le prix que les Américains sont prêts à payer et qui paiera ?

[…]

Dans la communauté scientifique, nombre de mes collègues - beaucoup aussi de ceux qui font l'opinion dans les médias - sont révulsés lorsqu'ils entendent dire que l'immigration devrait servir les intérêts des Américains. Ils réagissent en traitant de raciste et de xénophobe pareille manière de penser et en marginalisant ceux qui y adhèrent.

Mais ces accusations de racisme traduisent les efforts qu'ils déploient pour éviter de discuter des compromis qui s'imposent. Le débat à venir serait beaucoup plus honnête et politiquement transparent si l'on demandait simplement à ceux qui ne sont pas d'accord avec «l'Amérique d'abord» de répondre à la question: pour qui est-ce que vous roulez ?
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Victoire nationaliste en Corse : un signal d'alarme civilisationnel envoyé au continent

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La Corse est en rupture de ban symbolique avec l'hexagone. Pour beaucoup les Corses n'éprouvent plus le sentiment d'avoir une communauté de destin avec la France, contrairement à moult Antillais ou Réunionnais. Si nous nous permettons de généraliser d'une manière que d'aucuns trouveront abusive c'est que la société corse est suffisamment modeste sur le plan de la densité pour être homogène sur celui de la sensibilité. La Corse refuse de se conformer à l'idéologie d'une Europe bruxellisée à la construction de laquelle les nationalistes ont d'ailleurs contribué, ce qui n'est pas une de leurs moindres contradictions.

Les Corses, catholiques sur le plan des rituels, ne veulent pas d'un islam visible en Corse c'est la signification du vote Le Pen aux présidentielles. Ils ne veulent pas non plus de l'exhibitionnisme des minorités LGBT. On n'imagine pas une gay pride à Ajaccio bien que l'homosexualité soit acceptée dans l'île. Les Corses ne supportent qu'un seul communautarisme: le leur. Que révèle ce phénomène? Une angoisse d'ordre anthropologique: celle du déracinement. Peu nombreux, les insulaires éprouvent la hantise de la dissolution dans un monde multiculturalisé où les groupes humains, sous prétexte de métissage, ont tendance à perdre leur caractère. « Nous les Turcs nous ne ressemblons qu'à nous-mêmes » disait Mustapha Kemal, le père de la Turquie moderne. En Corse comme partout où il perdure, le sentiment d'identité est moins lié aux « valeurs » qu'aux mœurs. Ce sont les mœurs, autrement dit les normes et les coutumes, qui fabriquent le sentiment communautaire et non les « valeurs ». On choisit dans une certaine mesure ses « valeurs », on ne choisit pas les normes et les usages qui constituent une société insulaire comme la Corse.

La Corse est un pays, ce n'est pas un espace. C'est une terre avec laquelle les Corses ont un lien puissant car ils y enterrent leurs morts. C'est ce lien avec leur propre pays que les Français urbains, pour beaucoup, ont perdu. L'idéologie néolibérale et l'islam procèdent d'anthropologies opposées. La première magnifie les droits de l'individu, l'islam ceux de la communauté. Cependant la dynamique du Marché comme celle de l'Ouma sont fondées sur un espace ouvert qui ignore peuples et frontières. Cette dynamique, les Corses la refusent d'instinct. Ils pressentent obscurément que cet aspect de la mondialisation risque de détruire ce qui reste de l'identité de leur pays.
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Vous comprenez pourquoi je présente ces trois (quatre) articles ensemble : mondialisme (dont l’européisme technocratique à la Juppé-Hollande-Macron n’est qu’une variante), immigration volontairement incontrôlée, dissolution des liens politiques et sociaux, tout cela va ensemble, ces phénomènes s’alimentent l’un l’autre. Si tous les Français avaient vu plus le souci de la France comme les Corses ont le souci de la Corse, Macron n’aurait pas été élu.


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