samedi, décembre 30, 2017

A quoi sert le rugby d’aujourd’hui ?

A quoi sert le rugby d’aujourd’hui ?


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Depuis une quarantaine d’années, le rugby a beaucoup changé : il est devenu un grand spectacle télévisuel et donc, inévitablement, un enjeu commercial, financier et politique. Il a aussi, de ce fait, changé ses règles, la morphologie des joueurs, leur nationalité. Et perdu son âme…

Les joueurs anglo-saxons ont donné le « la » : plus tôt devenus professionnels, ils sont un jour venus sur les terrains gonflés de créatine et de L-carnitine et ont imposé un rugby de tampons brutaux. Au lieu de discipliner les joueurs à des règles puisant dans une philosophie du sport, on a donc adapté le sport à ces morphotypes nouveaux et artificiels : possibilité exagérée de faire venir des joueurs du monde entier dans les clubs et même dans l’équipe de France ; rotations plus fréquentes de joueurs pendant les matches car l’accroissement des masses musculaires a diminué la résistance …

Où sont passés nos joueurs si agiles aux crochets dévastateurs, de funambules, de « Peter Pan »… ? Notre rugby de terroir fait de robustes paysans au joug de devant et de vif argent se faufilant depuis les lignes arrières. Des hommes ordinaires faisant des choses extraordinaires, des héros devenant, après leur page de gloire, chefs d’entreprises, médecins, juristes… Le rugby d’évitement, le « champagne » est devenu rugby whisky ; et encore, seulement du « blended » industriel.

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Le rugby est le seul sport collectif de combat. Un équipe est une société où chacun, grands (n°4, 5, 8) et petits (n°9), « gros » (n° 1 à 3), rapides, agiles (n°9 à 15) a une mission différente qu’il assume et dévoue aux autres. C’est aussi un sport complexe dont les règles ardues conduisent à des stratégies et des tactiques très subtiles, requérant une grande intelligence. Mais désormais, les parents ne reconnaissent plus leurs objectifs éducatifs dans ce que ce sport est devenu (un business et un danger physique), et n’ont plus le même engouement à y envoyer leurs enfants. Car le sport est avant tout un projet éducatif destiné à façonner un humain équilibré et accompli. On semble l’avoir perdu de vue.
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Il est tout à fait normal que, dans notre monde où les maîtres-mots sont abrutissement et narcissisme, les sports collectifs le soient de moins en moins.

Le rugby est particulièrement vulnérable. Il n'a jamais été très loin d'être un sport de brutes. Ce qui le retenait au bord du gouffre était un délicat échafaudage de règles, d'habitudes et de traditions. Dans un monde complètement con abruti par le juridisme le plus étroit, les délicats échafaudages n'ont plus cours, on pense et on agit au bulldozer.

Et le rugby meurt.



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